18 juillet 2008

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Assouplissement de la carte scolaire : cachez ces élèves que je ne saurais voir

Communiqué de presse du 18 juillet 2008

Le Rectorat de Créteil a publié jeudi 17 juillet un bilan très satisfait des opérations d’affectation des élèves en collèges et lycées, se félicitant en particulier du dispositif d’assouplissement de la carte scolaire. Les centaines d’élèves de troisième ou doublants de terminale sans affectation à l’heure actuelle sont passés sous silence. Les élèves affectés dans un autre établissement que celui de leur secteur, malgré leur demande, également. L’assouplissement de la carte scolaire est en réalité une liberté que se donne l’administration pour diriger les flux d’élèves en fonction des structures existantes, sans ouvrir les classes là où il y en aurait besoin, plus encore dans le contexte de suppressions de postes et de classes que nous connaissons à cette rentrée.

Le Rectorat peut d’autant plus facilement se féliciter qu’aucune contre-expertise n’est possible. Depuis un an, malgré nos demandes, il n’a jamais communiqué de données détaillées. Si la situation est aussi favorable que cela, pourquoi nous dissimuler ainsi les chiffres ? En juin, un rapport de deux Inspecteurs Généraux de l’Education Nationale, non publié mais révélé par Le Monde, montrait pourtant les effets pervers de la mesure. Le Recteur nous a affirmé en Comité Technique Paritaire, ne rien en connaître, ni même savoir si les Inspecteurs Généraux avaient étudié notre académie... La lecture du rapport apprend pourtant que deux des trois départements de Créteil (Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne) font partie de l’enquête ! De qui se moque-t-on ?

Fondamentalement, le communiqué de presse du Rectorat souligne l’orientation catastrophique de la politique ministérielle, et sans conteste, académique. L’assouplissement de la carte scolaire, nous dit-on, « permet à de nombreux élèves de rompre avec leur environnement parfois difficile et de travailler dans un contexte éducatif différent ». Et les autres, ceux qui restent, enfermés dans ce qui ressemble de plus en plus (le rapport de l’Inspection Générale le dit sans détour), à des ghettos, toujours au nom de « l’égalité de chances » ? Au delà du dédain manifesté pour les quartiers populaires (et comment ne pas le penser aussi, pour leurs habitants), ces propos illustrent la logique d’abandon qui prime aujourd’hui dans l’éducation, et que le SNES ne cesse de dénoncer. Lors du CTPA du 30 juin, le Recteur a poussé le cynisme jusqu’à se féliciter des fuites d’élèves de certains établissements : ne conduisaient-elles pas, en effet, à une baisse du nombre d’élèves ? Les syndicats n’étaient-ils pas contents de voir ainsi augmenter le taux d’encadrement dans les collèges les plus difficiles ?

Au grand jeu de la communication, le ministère et le rectorat seront peut-être gagnants. A celui de la vérité, c’est une autre histoire.