4 octobre 2009

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Absentéisme : les annonces du recteur camouflent les désastres d ?une politique irresponsable

Communiqué de presse des sections académiques du SNES-FSU, SNUEP-FSU et SNEP-FSU

Vives réactions dans les salles des profs des lycées et collèges ce vendredi, suite au nouvel effet de communication du recteur de l ?académie de Créteil. La mesure annoncée prétend « lutter contre l ?absentéisme scolaire » dans l ?Enseignement Professionnel en jouant sur le côté « contrat moral » avec les élèves. Dans trois lycées professionnels de l ?académie de Créteil, des classes recevraient une prime au mérite pouvant atteindre 10 000 euros pour l ?année.
Le SNUEP, SNES, SNEP n ?ont jamais été associés à une quelconque concertation des instances académiques.

De quelle moralité s ?agit-il ?
Pour le SNUEP-FSU, le SNES-FSU, SNEP-FSU, de telles solutions ne correspondent pas au problème rencontré et certains termes employés dans la presse comme « de l ?argent pour les bons élèves », « une cagnotte pour les lycéens », « un contrat moral » se situent sur un autre terrain que celui de la formation et de la motivation des élèves. De plus, l ?intéressement « managérial » ou l ?appât du gain vont à l ?encontre des valeurs éducatives mises en ?uvre dans les établissements publics de l ?académie.

L ?absentéisme scolaire dans l ?Enseignement Professionnel, trouve essentiellement des racines dans une orientation par défaut sur des 3e, voire 4e ou 5e v ?u des jeunes dans des filières non choisies. Ainsi à Créteil 80% d ?élèves sont affectés sur 5 filières du tertiaire et 1 filière industrielle ! Les élèves ne peuvent être que déçus, non motivés et difficiles à intéresser pour l ?enseignant. L ?absentéisme, le refus scolaire le chahut ou l ?agressivité sont alors autant de signes du mal-être des élèves.

Le SNUEP, le SNES, le SNEP ont déploré la suppression des formations de BEP à cette rentrée qui a encore accru un peu plus le parcours du combattant des élèves en difficulté ?? Comment motiver des élèves qui arrivent après la rentrée dans des sections non choisies ? Avec une prime !! C ?est déraisonnable et c ?est présenter aux jeunes une société où « l ?argent est roi ».
La lutte contre le décrochage scolaire passe avant tout par une orientation qui prenne en compte les demandes des élèves avec une véritable information sur la poursuite d ?études. Des conditions financières décentes pour les familles, qui peuvent passer par des allocations d ?études pour les élèves.

Cette mesure annoncée à grand renfort de communication dans les médias ne concerne que 3 des quelques 580 établissements du second degré de l ?académie de Créteil. Elle ne peut masquer les effets désastreux des suppressions de postes et des fermetures de classes depuis 2003 dans une académie où de nombreux territoires sont marqués par une grande difficulté sociale des familles. Un mois après la rentrée, des heures de cours ne sont toujours pas assurées dans de nombreux établissements. Depuis début septembre le manque de titulaires dont le nombre indispensable a été sous-estimé par le rectorat, oblige à un recours massif de personnels contractuels ou vacataires qui n ?arrivent pas à palier les carences. En conséquence les effectifs d ?élèves augmentent dans les classes, les conditions de travail se détériorent, le nombre d ?adultes encadrant les élèves baisse dans les établissements.

Toutes ces dégradations ajoutées aux problèmes de l ?orientation dans les filières professionnelles contribuent à accentuer l ?absentéisme et le décrochage scolaire. En juillet, après les nominations des titulaires 52 postes de conseillers principaux d ?éducation de l ?académie étaient restés vacants alors que ces collègues jouent un rôle pivot dans le suivi des élèves et les relations avec les familles.

Le SNUEP-FSU, le SNES-FSU, le SNEP-FSU demandent le retrait de cette mesure contraire aux valeurs de l ?Ecole Républicaine. C ?est dans le budget de l ?Education Nationale, et non dans les financements périphériques d ?une délégation interministérielle que sont attendues les réponses aux difficultés d ?absentéisme et de décrochage. Le recrutement, en nombre suffisant, de titulaires formés et qualifiés sera une des clés de la résolution de ces problèmes.