6 juillet 2023

actu des établissements

Les enseignants du lycée Romain Rolland dénoncent la mise en oeuvre du pacte enseignant

Voici le texte de la motion des enseignants du lycée romain Rolland d’Ivry, s’opposant à la mise en place du pacte.

Motion des élu.e.s enseignant.e.s du lycée Romain Rolland d’Ivry sur Seine

Pourquoi nous sommes opposés au pacte
Nous enseignant.e.s élu.e.s au CA du lycée Romain Rolland d’Ivry sur Seine, sommes fermement opposé.e.s à la signature du « pacte enseignant » pour les raisons suivantes :
- Il ne s’agit pas d’une revalorisation de salaire : il faudra travailler plus pour gagner plus alors que les conditions de travail se dégradent sans cesse et que les études montrent que les enseignant.e.s en France travaillent déjà plus de 40 h par semaine pour un salaire inférieur à la moyenne de l’OCDE.
 Il ne résout pas le problème du manque de remplaçant.e.s directement imputables aux politiques gouvernementales successives qui ont supprimé des postes de titulaires et découragé les vocations d’enseignant.e en dégradant nos conditions de travail et le sens de nos missions. A court terme, le vivier actuel des TZR (professeur.e.s remplaçant.e.s) risque de disparaître, ce qui aggravera encore la situation existante.
 Les élèves ne rattraperont pas a priori les cours dans la discipline pour laquelle leur professeur.e est absent.e et l’enseignant.e devra improviser un cours au pied levé pour des élèves qu’il ne connaît pas. L’heure remplacée s’apparentera plus à une garderie qu’à un véritable cours.
 Il entérine la baisse des moyens en supprimant encore des postes et empêche la mise en place d’un véritable système de remplacements de qualité. Il promet de fortes sommes rémunératrices de missions qui ne sont pas les nôtres au moment même où les DHG destinées à assurer nos missions officielles sont réduites.
 Il remet en cause notre statut qui repose sur l’enseignement d’une discipline, un volume horaire défini nationalement et une grille indiciaire. Le pacte opère un virage vers une contractualisation où la rémunération évolue en fonction de l’attribution de missions individualisées. Il créera des dissensions au sein des équipes et vise à briser l’unité nécessaire pour gagner de véritables augmentations légitimes liées obligatoirement à la revalorisation du point d’indice et non à un système indemnitaire. Il est le signe du renoncement de l’Etat à une juste revalorisation sur le l ng terme.
 Il rend les enseignant.e.s corvéables à merci en imposant des 1/2 journées ou des plages d’astreintes dans les emplois du temps des collègues qui le signeront. Les emplois du temps de tous les enseignants comme ceux des élèves seront dégradés.
 Il s’agit d’un chantage qui consiste à conditionner à terme, à sa signature, la mise en place de projets pédagogiques, la possibilité d’aider et d’accompagner nos élèves.
 Il renforce le pouvoir de la direction à travers la répartition des pactes et le contrôle de nos missions.
 Il accroît les inégalités salariales entre les femmes et les hommes. Celles- là subissent toujours la double journée de travail du fait des charges familiales qui reposent le plus souvent sur elles. De même, il accroît les inégalités entre personnes dites valides et les personnes en situation de handicap ou avec une santé fragile.
Le pacte, en méprisant la valeur de nos enseignements, détériore encore un peu plus le service public d’éducation. Les élèves, leurs familles et les personnels en pâtiront grandement. C’est pourquoi nous nous opposons à sa mise en place et refusons de le signer. Nous demandons le redéploiement des moyens qui lui sont alloués pour une véritable hausse des salaires sans contrepartie.

Ivry sur Seine, le 20 juin 2023