13 avril 2008

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Loin des manifs parisiennes, cherche-t-on à faire taire le mouvement lycéen ?

Communiqué de presse du 13 avril 2008

De l’avis général, les manifestations parisiennes de plus en plus nombreuses se déroulent dans le calme. Dans un précédent communiqué, le 9 avril, le SNES Créteil s ?inquiétait de la montée depuis plusieurs jours des violences aux environs de quelques lycées, espérant que ces violences « n’annoncent pas un nouvel embrasement », à l’image de celui que beaucoup de nos communes ont connu en octobre-novembre 2005. C’est une autre inquiétude que nous tenons aujourd’hui à exprimer, qui découle de l’attitude récente des forces de l ?ordre à l’égard des actions lycéennes loin des manifestations parisiennes.

Lundi 7 et mardi 8 avril des incidents violents ont eu lieu devant le lycée Darius Milhaud du Kremlin-Bicêtre (94), mettant au prise des forces de police nombreuses, casquées et armées de flash balls, et quelques jeunes gens qui voulaient visiblement en découdre. Les lycéens de Darius Milhaud, étrangers à ces violences et attachés à les faire cesser, essayant de protéger leurs camarades, en ont pourtant fait les frais : sept d’entre-eux, tous mineurs, ont été brutalement interpellés le 8 avril et placés en garde à vue . Libérés mercredi, ils doivent être jugés en septembre pour « violences à agents ». Ces élèves assurent pour la plupart l’animation de la mobilisation lycéenne à Darius Milhaud.

Vendredi 11 avril, une centaine de lycéens de Montreuil (93), rassemblés devant le rectorat de Créteil, ont été chargés par la police, à coup de gaz lacrymogènes, matraques et flash-ball. Plusieurs ont été violemment interpellés, et quatre majeurs ont été placés en garde à vue. Libérés en début d’après-midi samedi 12 avril, alors qu’une importante délégation de lycéens, d’enseignants et de parents d’élèves s’était retrouvée au Tribunal de Grande Instance de Créteil, ils sont poursuivis pour « dégradations », « insultes »... et seront jugés le 12 juin. Là encore, parmi eux, se trouvent plusieurs animateurs du mouvement au Lycée Jean Jaurès de Montreuil.

Le SNES Créteil dénonce la disproportion flagrante entre les actes des lycéens et les moyens employés par les forces de l’ordre. Il dénonce également le fréquent recours à la garde à vue. Il s’étonne enfin des poursuites engagées contre les jeunes. Leurs familles, leurs enseignants, et bien plus grave encore, leurs camarades, sont sous le choc, et ne comprennent pas. Cherche-t-on ainsi à faire taire le mouvement lycéen ?

Arcueil, le 13 avril 2008