25 mars 2010

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La vraie vie des Vies Scolaires

La violence scolaire au lycée de Vitry-sur-Seine, en lutte depuis l’agression d’un élève début février, a mis en évidence le manque de personnels d ?encadrement. Le conflit s ?est cristallisé (...).

La violence scolaire au lycée de Vitry-sur-Seine, en lutte depuis l’agression d’un élève début février, a mis en évidence le manque de personnels d ?encadrement. Le conflit s ?est cristallisé sur le nombre de surveillants chargés d’encadrer les élèves. Les profs demandaient le doublement du nombre de surveillants, soit 11 AED à 35h/hebdo supplémentaires. L’Académie concède 3 Assistants d’ ?ducation supplémentaires et 6 médiateurs de réussite scolaire à 20h/hebdo. Soit 9 postes au total.

Les postes d ?Assistant d’EDucation sont répartis sur l ?amplitude horaire de l ?établissement qui peut compter jusqu ?à 65h par semaine. Ce qui signifie que, dans notre académie, un AED encadre seul près de 200 élèves.

La création des AED est survenue avec la disparition du statut d ?aide éducateur puis des MISE (Maître d’Internat et Surveillants d’Externats) et MDP (Maîtres de Demi-Pension) sans pour autant combler la totalité des postes. De plus, médiateur ne veut pas dire assistant d ?éducation en termes de statut, de mission, de salaire. Le conflit à Vitry repose la question, plus générale, du statut du personnel encadrant les élèves. Indispensables à la vie de l’établissement, ils occupent des postes de plus en plus précaires : AED, AVS, AP, EVS, CAE, CA, MR ?? avec des contrats de 15 à 35h hebdomadaires allant de 6 mois à 3 ans selon le bon vouloir, selon le chef d ?établissement. Tous ces collègues sans formation n’ont ni le temps, ni les moyens, de faire correctement leur travail.

Tous sont intégrés dans le service Vie Scolaire sous la houlette des CPE qui organisent le service et subissent de plein fouet la diversité et la précarité de ces personnels. Et les CPE ne sont pas non plus épargnés par le contexte général de pénurie de recrutement ?? Luc CHATEL annonçait en février que le nombre de recrutements de CPE ne cessait de croître avec un certain talent cosmétique pour maquiller les chiffres_ : en 2009,
le nombre de CPE en France est
passé sous la barre des 12 000 postes pour la première fois depuis 2004 !

A Créteil, les postes re-déployés avaient servis à mettre des CPE dans les établissements qui en étaient dépourvus, pour beaucoup en Seine-et-Marne, mais aussi pour stabiliser les nombreux maîtres-auxiliaires. Par ailleurs, depuis trois ans, le nombre de TZR a fondu à vue d ??il_ : les 32 TZR pour 2009-2010 étaient tous placés sur des postes à l ?année, dès juillet, laissant vacants près de 32 postes avant même la rentrée !
Conséquence directe_ : la GRH laisse les chefs d ?établissements proposer des personnels issus de la Vie Scolaire. Ces derniers sont promus CPE, reçoivent à l ?occasion un complément de salaire (mais pas toujours !), conservent un statut précaire et, surtout, n ?ont aucune formation.

La répartition académique des CPE et des AED ne tient pas compte dans ses effectifs des élèves de SEGPA en collège, ni des étudiants en classe prépa ou BTS scolarisés en lycée. Ils sont pourtant pleinement pris en charge par les personnels de Vie Scolaire au même titre que les autres_ : accueil, suivi d ?absences, gestion de conflits.
Le SNES revendique un CPE pour 250 élèves, ce qui signifie le recrutement de 434 CPE supplémentaires à Créteil ; et que la dotation en AED soit calculée en fonction de l ?amplitude horaire, de sa géographie et du nombre réel d ?élèves.

Dans ce contexte d ?incertitudes sur le devenir de nos missions et de la manière dont les personnels sont traités par l’ ?ducation nationale, nous devons rester attentifs et unis dans la défense de nos métiers. C ?est contre cette précarité, contre les conditions de recrutement, d ?emploi et de service qu ?elle entraîne, contre l ?arbitraire qu ?elle permet trop souvent, que le SNES-FSU se bat.

La liste des désagréments est longue et décourageante. Pourtant il est évident qu ?une réponse s ?impose : LE COLLECTIF !

Sandra Kerrest

Alexandra Tkaczynski