Voici un petit florilège de leurs arguments ! A utiliser sans modération en réunion syndicale ! Vous pouvez aussi nous en envoyer d’autres sur s3cre@snes.edu !

1/ La note de vie scolaire, s’inspire d’une logique de caporalisation et de répression : double peine inspirée d’une politique sécuritaire largement à l’oeuvre, se situant dans le droit fil du rapport Bénisti et autres joyeusetés. Certains élèves de maternelle font à présent l’objet de sanctions dès le plus jeune âge !

2/ En élaborant la note moyenne d’un établissement à partir de toutes les notes de vie scolaire, on pourra faire un classement. On a déjà vu ce que ça a donné dans le Point...

3/ C’est, sans le dire, refaire des CPE des surveillants généraux. La mise en place de la note de vie scolaire ne représente en rien une valorisation du travail pédagogique des CPE.

4) Cette mesure démagogique permet au gouvernement de dire qu’il "fait des réformes" mais cette note de vie scolaire est surtout une mesure qui ne coûte pas un centime à l’état. Elle est même supposée générer des économies ! En effet, on nous fait croire que la note pourra permettre de "tenir quand même les élèves" avec des personnels vie scolaire toujours moins nombreux. Dans certains établissements de l’académie, les moyens pour la vie scolaire ont été divisés par deux. Plutôt cynique, non ?

5) Comment un CPE va-t-il pouvoir noter plus de 700 élèves ? Les personnels de vie scolaire se disent incapables de noter tout le monde. Ils disent déjà qu’ils ne sont pas du tout d’accord entre eux sur la note à mettre certains élèves.

6) Les surveillants et les AED craignent également que cette note ne pourrisse leur relation avec les élèves, surtout les plus difficiles, qui entretiennent souvent des relations spécifiques avec le personnel d’encadrement, seul fil ténu qui permet parfois de leur éviter de quitter complètement l’école. La note de vie scolaire risque de rompre ce fragile équilibre.

7/ Une note de conduite qui tombe d’on ne sait où peut-elle avoir le même poids que la note d’une discipline pour laquelle on travaille pendant des mois pour élaborer une évaluation fine ? Les enseignants ont été formés pour évaluer un contenu scientifique et des acquisitions cognitives. Il n’est pas question de mélanger ça avec le comportemental. Il existe par ailleurs un autre texte de loi qui interdit les zéros de conduite. Si la note de vie scolaire compte pour le brevet, c’est le retour du zéro de conduite, interdit par ailleurs. Bref, on patauge en plein délire au niveau des textes.

8) Il existe déjà de multiples manières d’évaluer le comportement d’un élève. Pourquoi ajouter cette note par dessus tout le reste ? Les chercheurs constatent déjà une inflation des règlements, chartes, contrats de fonctionnement en tous genres dans les établissements scolaires (règlement intérieur du CDI, de la cantine, du gymnase, du cours d’anglais, de la salle informatique, du foyer etc.). Les élèves n’en peuvent plus de tous ces règlements : plus ils vivent dans une société injuste, plus on leur multiplie les règlements sur le papier, avec les moyens de coercition les plus divers pour aller avec : les élèves n’y comprennent plus rien et la note de vie scolaire va encore arriver par dessus tout ça.

9) Cette note va ajouter un maximum de travail aux collègues qui sont déjà complètement débordés !

10) Cette note peut éventuellement avoir de l’effet sur quelques élèves lambda mais elle est inutile car les systèmes existants pour réguler le comportement fonctionnaient déjà avant sur ce genre d’élèves. Par contre, la note de vie scolaire a toutes les chances de ne pas marcher du tout sur les élèves les plus difficiles, qui collectionnent déjà les mots, les heures de colle etc.

11) Plus on nous invite à sanctionner les élèves, moins on nous donne de moyens pour les aider. Les élèves les plus violents et les plus en rupture avec l’école ont besoin d’à peu près tout sauf d’une note de vie scolaire !

12) C’est la mise en place d’un système qui dit aux personnels " nous ne vous donnons pas les moyens pour travailler dans la sérénité mais nous vous donnons le moyen de vous défouler sur les élèves si vous en avez marre ». C’est le top du top du cynisme.

13) Si jamais cette note a un impact sur l’orientation, ça va être une catastrophe. A dossiers égaux, la différence pour l’affectation risque fort de se faire sur la base de cette note, qui va fonctionner comme un couperet et barrer carrément l’accès à certains établissements. On ne sait toujours pas si cette note va être prise en compte dans le logiciel PAM.

14) Quid des profs d’enseignements artistiques qui voient des centaines d’élèves à raison d’une heure par semaine ? Vont-il devoir mettre des centaines de notes ? Et si oui, qu’est-ce que ça aura comme sens ?

15) Si chaque prof met une note de vie scolaire + le CPE, et qu’on fait la moyenne de tout ça, la part consacrée au CPE sera minime. Par ailleurs, la note mise par chaque prof n’aura que très peu de poids puisqu’elle n’aura pas beaucoup d’impact sur la moyenne finale. A quoi tout cela va servir ? Si un élève sait qu’il a de bonnes notes de vie scolaire un peu partout, il peut, sans trop de risques se comporter n’importe comment avec un enseignant qu’il a dans le nez, sans trop de risques de plomber sa note de vie scolaire.

16) Il est inacceptable de confondre civilité et citoyenneté : cette note, qui semble se limiter un peu partout à une évaluation comportementale vise à former des futurs salariés dociles à qui on apprend à travailler et à se tenir à carreaux. La citoyenneté, c’est quand même bien autre chose ! Un élève qui ose dire NON à quelque chose aura-t-il une bonne note de vie scolaire ?

17) Est-il acceptable qu’on échoue à un examen en raison dune note de vie scolaire ? Quid des élèves qui ont un bon niveau mais des soucis de comportement et qui vont être pénalisés, voire peut-être même réorientés ?

18) En cas de désaccord entre les CPE et les enseignants comment trancher sans que les uns ou les autres perdent de la crédibilité ?

19) Même problème en cas de désaccord entre les enseignants. Certaines disciplines en sortiront grandies et d’autres dévalorisées suivant l’influence des enseignants ou la position du chef d’établissement.

20) Un élève qui se tient bien dans toutes les disciplines mais qui commet un acte très grave avec un enseignant aura-t-il un zéro avec ce collègue et 18 ou 17 partout ailleurs ? Si oui, que donnera sa moyenne finale ? Si les collègues qui n’ont pas eu de problème avec l’élève décident de mettre aussi zéro par solidarité avec le collègue en difficulté, comment l’élève va-t-il le prendre ?

21) Quelle note méritera un élève "transparent" ?
0 car il ne participe à rien ?
10 en raison de son attitude neutre ?
20 dans la mesure où il n’a aucune remarque ?
Si un élève a de bons résultats scolaires ne fait pas de vagues et n’a jamais aucune punition mais ne s’implique jamais dans la vie collective, voire se comporte comme une personne totalement égoïste et tournée vers elle sans aucune forme de solidarité avec les autres aura-t-il quand même un 20 ?

22) Si au contraire un élève un peu agité et bagarreur avec ses copains s’implique activement dans son activité de délégué de classe et participe à des tas de trucs dans la vie collective de l’établissement, comment on va le noter ?

23) Si un élève est pénible pendant deux trimestres mais que son comportement s’améliore de manière spectaculaire au troisième est-ce qu’on fait quand même la moyenne des trois notes ?

24) En cas de mauvaise note, à partir de quand un élève doit-il passer devant un conseil de discipline ?

25) Cette note ne risque-t-elle pas de poser des problèmes insolubles dans certains cas quand un élève bien noté passera en conseil de discipline ?

26) Cette note permettra-t-elle vraiment de régler, même un peu, les problèmes de discipline ? Qui y croit ?

27) La violence scolaire et les phénomènes d’incivilité ont souvent toujours la même source, qui est l’échec scolaire : les punir par la note de vie scolaire, c’est s’attaquer aux effets mais certainement pas aux causes.

28) La note pourra permettre une sorte de sélection qui ne dira pas son nom dans certains établissements.

29) Quand on voit l’ensemble des contradictions et des problèmes que posse cette note on peut être inquiet. Insistons sur le fait qu’elle risque d’avoir un effet pervers auprès des élèves en décrédibilisant les notateurs et plus généralement les enseignants, même ceux qui refuseront de participer à cela. La mise en place de la note de vie scolaire risque de brouiller la visibilité de l’évaluation dans son ensemble et de faire perdre aux adultes toute crédibilité si les élèves s’aperçoivent que le système fonctionne "à la tête du client". Les élèves ne manqueront pas de comparer les différents systèmes de notation entre eux.

30) De leur côté, les parents risquent de débusquer des tas d’incohérences dans cette notation bizarroïde. Ca ne va pas faciliter la tâche des équipes pédagogiques. Effet pervers ultime, elle pourrait être une raison de mécontentement des élèves qui ne comprendraient pas leur notation. Ce machin va brouiller toute visibilité dans le fonctionnement du système éducatif et semer une confusion durable...

31) Il va y avoir des discussions sans fin en conseil de classe sur la note de vie scolaire à mettre à l’élève. On risque de passer des heures carrées là-dessus au lieu de s’intéresser au reste, par exemple aux résultats scolaires. On s’étripe déjà assez entre nous sur les encouragements les félicitations etc. Il y a un risque de réunionite exponentielle ou de conseils de classe interminables, le tout pour un résultat nul, voire contre-productif !

32) Puisque les textes prévoient 10 pour l’assiduité, et 10 pour le respect du règlement intérieur, un élève assidu mais infernal aura donc toujours au minimum 10 !

33) Que faire d’un élève qui est infernal et qui a déjà zéro pour la partie comportement une semaine après la rentrée ? Est-ce qu’il pourra ensuite continuer à être infernal sans problème ? Aura-t-il un malus sur la note du trimestre d’après ? Sa note deviendra-t-elle négative ?

34) La note de vie scolaire va favoriser le développement de pratiques consuméristes chez les élèves et dénaturer leur relation à l’école.

35) Si la note de vie scolaire compte pour le brevet, alors elle comptera aussi pour les mentions et pour l’obtention des bourses au mérite. Ca va être une double peine pour certains élèves qui sont déjà en situation très difficile.