Lundi 22 mai 2023, les personnels du collège Molière ont exercé leur droit d’alerte après avoir constaté la pollution inquiétante de l’eau du collège utilisée pour cuisiner la semaine précédente. Dans l’attente d’une réponse concernant la potabilité de l’eau, iels sont resté-es en retrait et n’ont pas pris leurs élèves afin de les préserver et de se préserver également. Iels ont écrit dans les RSSCT (registre de santé, sécurité et conditions de travail) et RDGI (registre de danger grave et imminent). Vendredi 26 mai, ayant appris que l’on avait demandé aux agent-es de nettoyer la poussière des travaux sur les canalisations réalisés pendant les vacances d’avril, sans savoir si cette poussière était contaminée par l’amiante omniprésente dans l’établissement, iels ont décidé de maintenir leur mouvement afin d’obtenir des réponses au sujet de l’amiante présent dans l’établissement.
Jeudi 1er juin, suite à sa saisine par les biais des RSST et RDGI, est intervenue la Formation Spécialisée Santé Sécurité et Conditions de Travail départementale (ex CHSCT), au sein de laquelle siègent les représentant-es de la DSDEN et des personnels, et parmi elles et eux des membres de la FSU, dont le SNES-FSU. Une visite de l’établissement en présence des représentant-es des personnels a eu lieu, suivie de la rédaction d’un compte-rendu détaillé se terminant par des préconisations claires de la FS SSCT D.
Mis au pied du mur par la mobilisation des personnels, le département a dû réagir et ses représentant-es, dont le Vice-Président du conseil départemental du Val-de-Marne en charge de l’éducation, se sont déplacé-es à deux reprises au sein de l’établissement pour s’adresser au personnel, mardi 30 mai et mardi 6 juin. Ces deux réunions ont visé essentiellement à se dédouaner sur la précédente majorité départementale et à reporter la faute sur celle-ci.
En effet depuis cinq ans de gros travaux de désamiantage sont attendus dans l’établissement, sans cesse reportés pour des problèmes d’appels d’offres. Le ton employé vis-à-vis des personnels par les représentant-es du département a été extrêmement méprisant et infantilisant. Leur inquiétude par rapport à l’eau, fortement chargée en métaux lourds, et par l’état du collège, pollué par l’amiante, a été balayée.
L’inquiétude des collègues est pourtant légitime, et crée un profond malaise dans cet établissement qui a vécu une année extrêmement compliquée. A la suite d’une fuite d’eau au mois de septembre, les analyses réglementaires d’eau ont révélé des taux de plomb et de nickel au-delà des normes. Des fontaines à eau ont été placées dans différents points de l’établissement, sans que l’eau des toilettes accessibles aux élèves soit coupée immédiatement. Ces fontaines à eau comportaient du bisphénol, ce qui a scandalisé les collègues en raison des risques pour la santé liés à ce composant.
Le problème de l’eau polluée concerne ou a concerné cette année d’autres établissements du Val de Marne, en raison de la vétusté des réseaux de canalisations. Il y a fort à parier que ce type de problème sera récurrent dans les années à venir. D’énormes travaux sont prévus par le département pour un montant de 60 millions d’euros sur une durée de 15 ans.
L’amiante est également présent dans de nombreux établissements du département, notamment tous ceux dont la construction est antérieure aux années 1970.
Malgré le dénigrement des inquiétudes des personnels, des mesures des taux d’amiante ont été réalisées par un prestataire extérieur pour le département, révélant l’absence de fibres d’amiante dans l’air. Les mesures respectent la législation en vigueur actuellement. Cependant, la FS SSCT D remet en question la façon dont ces mesures sont réalisées, car elles ont lieu en l’absence d’élèves et de personnels, et recréent artificiellement les conditions de passage d’usager-es de l’établissement par un système de brassage d’air. Les représentant-es élu-es de la FSU à la FS SSCT D demandent que les mesures soient réalisées dans les conditions normales d’usage de l’établissement. Par ailleurs ces mesures ne prennent en compte que les plus grandes fibres d’amiante (conformément à la législation) et ne retiennent pas les petites, pourtant elles aussi causes de graves maladies liées au contact avec l’amiante, notamment le terrible mésothéliome pleural, également appelé cancer de la plèvre. Une seule fibre absorbée suffit à le provoquer des années plus tard.
Des analyses d’eau ont été également réalisées par le département, révélant la présence de cuivre sur deux accès dans la cuisine. Cela expliquerait peut-être l’étrange couleur de l’eau découverte le mardi 16 mai.
Vendredi 9 juin a eu lieu une réunion de la FS SSCT D à la DSDEN, le compte-rendu de la visite a été présenté et les préconisations ont été votées.
Une lettre du département destinée aux parents d’élèves a été diffusée sur Pronote afin d’expliquer la situation de l’établissement aux familles, certifiant que toutes les mesures nécessaires à la protection des personnels et des élèves avaient été prises, et dénigrant à nos yeux les enseignant-es. Vous la trouverez en pièce jointe. Les parents d’élèves ont d’ailleurs répondu à ce courrier, estimant légitime le retrait des enseignant-es qui ont protégé de cette manière leurs enfants.
Nous dénonçons le courrier du département qui a choqué les collègues et illustre la volonté du département de délégitimer leur combat.
Lundi 19 juin, des travaux ont été réalisés en urgence dans le hall de l’établissement afin de recouvrir d’une résine protectrice les dalles disjointes et amiantées du sol de cet espace qui est le principal lieu de passage des usager-es de l’établissement. Nous estimons que par ces travaux le département a pris la mesure de la vétusté de l’établissement et de l’urgence de sa réhabilitation, qui commencera en septembre et devrait durer quatre ans afin de procéder à son total désamiantage.
Cette mesure était l’une des préconisations de la FS SSCT D, et les élu-es de la FSU se félicitent qu’elle ait été suivie. Il est évident que la FS SSCT D sera particulièrement vigilante à l’égard de cet établissement et des travaux à venir.
