Nous sommes arrivés ce matin et avons constaté que le Lycée était bloqué par les élèves. Ils avaient disposé un certain nombre de poubelles devant l’entrée de l’établissement. Ils avaient rédigé un tract dans lequel ils exprimaient leurs revendications faisant suite au constat selon lequel la rentrée se passe mal en raison des « réformes » Blanquer en cours et des dysfonctionnements locaux patents.
Nous partageons les inquiétudes, la colère et les revendications des élèves. En effet, il est vrai que cette rentrée a de quoi « terrifier ». En premier lieu, aucune information n’est disponible à l’heure actuelle sur le sort des élèves de Terminale qui, à la session de juin 2020, échoueraient au Bac. Plus généralement, « toutes ces nouvelles lois » qui frappent de plein fouet les élèves de 1re, la « génération des 2003 » et toutes celles qui suivent nous ont mis dans un sérieux problème sans échappatoire.« Comme les élèves, »nous sommes complètement contre la nouvelle réforme et contre Parcoursup« . De plus, localement, les élèves ont également raison de relever de très lourds problèmes qui ne cessent de se poser : la démultiplication des classes à 35 élèves produit un effet d’ »entassement« qui a pour conséquence que »les professeurs prêtent moins d’attention aux élèves et que ceux-ci ont donc plus de difficultés à travailler" ; le matériel, notamment les manuels, manque ; les emplois du temps comportent de trop nombreuses heures de trou et empêchent les élèves de pratiquer des activités extrascolaires le mercredi après-midi.
Cependant, ce que ne savent peut-être pas encore les élèves, c’est que ces problèmes ne sont pas uniquement dus à la gestion locale de la rentrée mais également à l’application des « réformes » faites dans la précipitation et le refus obstiné de toute concertation. Ainsi, ces « réformes » ne prévoient aucun seuil maximal dans le nombre d’élèves par classe ou groupe et ne contraignent aucunement les Rectorats à octroyer les moyens nécessaires pour assurer la réussite des élèves. La revendication réclamant des classes à 24 élèves et des moyens supplémentaires est celle qui fait l’unanimité parmi tous les professeurs enseignant dans les quartiers populaires, notamment dans le 93. De surcroît, l’absence de manuels en classe de 1re est due au fait que les professeurs, qui n’ont d’ailleurs toujours pas eu connaissance de la teneur exacte des épreuves auxquelles ils devront pourtant soumettre les élèves dans à peine 4 mois, n’ont disposé que quelques semaines durant l’été pour examiner les programmes. Ainsi ils ont été dans l’incapacité de choisir les manuels en question.
Ces revendications, justes et légitimes, doivent à présent être prises au sérieux par le pouvoir en place, à commencer par ses représentants directs, la Direction du Lycée Mozart. Nous demandons que la Proviseure fasse la démarche de recevoir une délégation d’élèves quand une mobilisation est en cours. Le réflexe premier consistant à appeler séance tenante afin de dépêcher des Equipes Mobiles de Sécurité (milice rectorale) est mauvais et ne fait qu’envenimer la situation comme nous avons pu le constater avec effroi l’année dernière. Nous nous opposerons à toute pression exercée sur les élèves mobilisés et nous demandons que les absences d’élèves aux périodes où le Lycée est bloqué ne soient comptabilisées.