28 août 2014

le métier

Le conseil école-collège

Le bulletin officiel du 5 septembre 2013 instaure un conseil école-collège en en précisant la composition et les modalités de fonctionnement. Si la mise en place d’un tel organe est dans la droite ligne des réformes entamées depuis la loi Fillon de 2005 et la mise en place du socle commun, il fait franchir un pas sans précédent vers la mise en place d’une école du socle qui fusionnerait l’école primaire et le collège.
En effet, le conseil école-collège doit associer un ou plusieurs collèges d’un même secteur et leurs écoles de recrutement.

Améliorer la « continuité pédagogique et éducative entre l’école et le collège » et « harmoniser les pratiques »...

Les premiers conseils qui se sont tenus au cours des deuxième et troisième trimestres 2014 ont cherché à « harmoniser » les pratiques entre les écoles primaires et les collèges d’un même secteur.
Le conseil école-collège a vocation à élaborer un plan d’actions qui devra ensuite être voté en CA afin d’harmoniser les pratiques au sein du cycle CM1-CM2-6e.

... mais quid de la concertation et de la démocratie au sein des établissements
Les professeurs des écoles, désignés au sein de leurs écoles par leur IEN et les professeurs de collèges désignés par leurs principaux, l’ont été sans que la constitution des conseils n’aie d’abord fait l’objet d’une concertation au sein des établissements. Ce mode de désignation montre une volonté non masquée de passer au dessus des instances démocratiques de débats et de décisions que sont les CA.
Les premières réunions ont pu être ressenties comme désincarnées par les enseignants qui se sont vus imposer des thèmes de discussion déterminés par l’IEN et les principaux au préalable. Souvent les principaux n’ont que très peu fait la promotion des conseils et des thèmes soulevés observant certainement à quel point ils étaient éloignés des préoccupations urgentes dont leur font part les enseignants.

Des inquiétudes fondées sur notre volonté de protéger la spécificité de nos missions et de nos statuts.

Les inquiétudes que suscite le conseil école-collège sont à différents niveaux :
 D’un point de vue pédagogique : Une volonté d’harmoniser les pratiques entre école et collège. Faisant l’économie d’une réflexion préalable sur la rupture que constitue l’entrée en 6e et en arguant d’une discontinuité pédagogique entre primaire et secondaire. Adoptant une position de principe que la rupture entre l’école et le collège serait un disfonctionnement pédagogique et non un palier essentiel vers l’autonomie et la variété de pratiques pédagogiques qui pourraient permettre aux élèves de s’épanouir.
 D’un point de vue professionnel donc, la possibilité d’une négation progressive des différences de missions entre les professeurs du primaire et du secondaire. La recherche d’une souplesse plus grande en pouvant exiger une extension des missions, en prétextant de la passerelle nécessaire entre primaire et secondaire.
 D’un point de vue idéologique : Il s’agit là de l’outil de mise en place de l’école du socle, qui vise à refonder le système éducatif en fusionnant primaire et secondaire avec sous-jacente la mise en place d’un système à deux vitesses, cette école du socle ne proposant pas véritablement les savoirs émancipateurs et enrichissants que continueront de rechercher les catégories les plus favorisées.
De plus, le caractère national de l’éducation peut sembler entamé étant donné le caractère local des conseils école-collège.

Quelles actions entreprendre pour susciter un réel débat sur l’école du socle et faire-valoir notre expertise sur la question ?

 L’inertie et le refus de participer au conseil école-collège.
 S’emparer du sujet de la rupture entre l’école et le collège au sein des CA et des réunions pédagogiques pour faire entendre une vision plus optimiste de ce passage du primaire au secondaire.
 Faire remonter nos positions quant au conseil école-collège, sa constitution, son fonctionnement, ses objectifs, par le biais de motions et de lettres.
 Démontrer notre capacité à nous emparer des questions essentielles en exigeant que tout travail de réflexion sur nos pratiques pédagogiques se déroule en premier lieu au sein de nos collèges, sur du temps de cours banalisé et que se réunisse l’ensemble de nos collègues. Car si des dysfonctionnements doivent être constatés et des remédiations élaborées dans le cadre de l’enseignement secondaire, c’est aux enseignants de le faire collectivement.