3 octobre 2007

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Accompagnement éducatif : le SNES n’a pas attendu Darcos et Sarkozy pour réfléchir au soutien scolaire !

Une fois de plus, Créteil sert de vitrine à la politique menée par le ministre de l’Education Nationale, pas seulement parce que le nombre d’établissements classés en ZEP y est plus important que partout ailleurs, mais aussi parce qu’ici, le dispositif d’accompagnement éducatif a été mis en place, dès la rentrée, dans certains collèges « non classés ». Mis en place, l’expression est peut-être exagérée. Partout flotte plutôt un parfum d’improvisation.

Le SNES n’a pas attendu Sarkozy et Darcos pour réfléchir à l’accompagnement scolaire, et l’on en veut pour preuve les textes adoptés au dernier congrès académique.

Les devoirs à la maison sont un point invisible mais pourtant essentiel du système éducatif. Ils pèsent lourd dans la scolarité des élèves, représentent un enjeu important pour les familles et jouent un rôle important dans l ?échec scolaire. Les devoirs à la maison sont le lieu par excellentce où se creusent les inégalités sociales. Paradoxalement, peu d ?études ont été consacrées à cette question cruciale. Le verdict posé sur les élèves qui ne font pas leurs devoirs est souvent un verdict adressé à la famille, qui n ?est pourtant pas toujours en mesure d ?apporter aux élèves une aide efficace. Les études actuelles montrent également que beaucoup d ?élèves en échec travaillent énormément, contrairement à ce qu ?on pourrait penser mais qu ?ils ne mobilisent pas forcément des activités intellectuelles susceptibles de les placer en situation de réussite. Elles montrent aussi que le temps consacré aux devoirs est parfois énorme pour des résultats souvent décevants. Par ailleurs, la question des devoirs à la maison en dit long sur les relations existant entre la société française et son école. Ces relations sont assurément en train de se modifier.

Quelles propositions le SNES peut-il formuler sur cette question ?

 1. Il faut que le contenu, la nature et la forme des devoirs et la manière dont ils sont donnés fassent l ?objet d ?une réflexion beaucoup plus approfondie. Les personnels et l ?institution dans son ensemble doivent s ?emparer d ?urgence de cette question qui ne saurait relever d ?une culture implicite du système éducatif. Il faut s ?interroger sur la question de l ?apprentissage des leçons, sur la manière dont les devoirs faits sont réinvestis au niveau de la classe, sur l ?efficacité ou l ?inefficacité des activités données aux élèves. En clair, il convient de réfléchir au sens de ces devoirs à la maison.

 2. Il faut que cette réflexion compare ce qui se fait en France et les pratiques mises en place dans d ?autres pays.

 3. Le SNES doit réagir par rapport à la captation du marché du soutien scolaire par des officines privées et payantes en revendiquant la mise en place d ?un véritable service public et laïc de l ?aide aux devoirs et de l ?accompagnement scolaire. Les cours privés, contrairement à ce qu ?on peut penser, s ?adressent majoritairement à de bons élèves, qui veulent être encore plus compétitifs dans la course aux diplômes. Ce service public inclurait des activités mises en place au sein de l ?école par des personnels statutaires formés et bénéficiant d ?une décharge de service. Il convient également de distinguer le soutien, l ?aide aux devoirs et l ?accompagnement scolaire qui sont assurés par une multitude d ?entreprises et d ?associations. Certaines ont des objectifs clairement marchands tandis que d ?autres, gratuites et militantes ou s ?inspirant des grands principes de l ?éducation nouvelle s ?inscrivent dans un réel objectif de démocratisation. Ne pourrait-on pas imaginer un partenariat entre ces associations et l ?éducation nationale, dans le cadre de la création d ?un grand service public de l ?accompagnement scolaire afin de contrer l ?offensive du privé ?

 4. L ?aide aux devoirs doit être une activité permettant de mettre réellement les élèves en situation d ?apprentissage et de réussite. Elle ne doit pas se transformer, comme c ?est parfois le cas, en une déscolarisation encadrée, visant à la pacification dans les zones difficiles.

 5. Sur ces questions, le SNES doit dénoncer le désengagement de l ?état qui encourage en même temps les familles à se tourner vers le marché privé, tout en donnant des facilités de financement aux plus aisées d ?entre elles par l ?intermédiaire de réductions d ?impôts.

 5. Activités scolaires et activités non scolaires : L ?école ne peut pas tout. L ?accompagnement à la scolarité n ?est pas concurrent avec l ?école mais complémentaire à l ?école.
Il faut inverser la tendance consistant à entraîner l ?école sur les activités périphériques alors que dans le même temps, les activités hors l ?école se recentrent sur le scolaire. Les associations partenaires de l ?école ont perdu l ?ensemble de leur MAD. Ils ont perdu 6 à 12% de la subvention qui leur permettait de salarier un nombre important de personnes. Le SNES Créteil se prononce contre le retrait des MAD et la baisse des subventions aux associations partenaires de l ?école.

Sur les bases actuelles, il ne nous semble hautement préférable de ne pas accepter ce dispositif, sans pour autant se désengager la question des « orphelins de 16 heures ».

Mais sur cette question, l ?école ne peut sans doute pas tout, mais elle ne peut pas rien non plus.

 Nous devons revendiquer que les heures destinées à la lutte contre l ?échec scolaire soient incluses dans le service des enseignants

 Nous devons exiger que les horaires nationaux soient respectés, que tous les cours et les remplacements soient assurés de manière correcte, qu ?il n ?y ait plus de regroupements aberrants d ?élèves pour faire des économies, en langues par exemple.

 Il est indispensable d ?intervenir en CA pour demander que toutes ces HSE soient remises sur les disciplines et dans les services (en comptabilisant tout ce qui manque actuellement dans les DHG pour fonctionner).

 Il faut retourner l ?argument des HSE contre le ministre : puisqu ?on a eu 250000 heures, c ?est qu ?il y a des moyens. Utilisons-les pour créer des postes et améliorer le système !

 Faire valoir les propositions du SNES, lancer le débat avec les parents non pas sur la question de notre temps de travail, mais du leur !

 Essayer d ?aboutir à des motions communes en CA avec les parents d ?élèves

 Il faut lancer le débat sur l ?efficacité pédagogique du système, notamment avec les élèves en grande difficulté.

 Si certaines heures sont utilisées tout de même pour l ?aide aux devoirs (parce que ça se faisait déjà avant etc), intervenir en CA afin de prévenir toute forme de dérive.

Des questions pourtant fondamentales sont tout simplement oubliées.
On voit se dessiner par exemple, à travers cette proposition, un changement sociétal profond ainsi qu ?une modification forte du rapport des parents avec leurs enfants : les uns et les autres se retrouvent de moins en moins souvent ensemble. Au-delà de la question du temps de travail des profs, il faut remettre sur la table la question du temps de travail de TOUS les salariés ainsi que celui de la parentalité et du temps nécessaire à dégager pour qu ?elle puisse s ?exercer.

Par ailleurs, l ?aide aux devoirs est assurée depuis des années dans certains établissements mais dans les faits, les élèves sont peu nombreux à y venir. La plupart de ceux qui la fréquentent ne sont pas (ou peu) en difficulté. Ceux qui sont en grande difficulté préfèrent de très loin aller jouer dehors. En clair, de nombreux « orphelins de 16 heures « ont une furieuse envie de le rester » ! Le dispositif n ?est donc guère efficace, il n ?est pas de nature à leur permettre de remédier à l ?échec scolaire.